Jules De Neumostier, Edgard Willy, René Valenduc, Emile Deluc, Marcel Josz, Raymonde Sartène, Nelly Corbusier, Marguerite Daulboys, René Picolo, Robert Murat
synopsis
Thanasse, garde salle de la petite gare frontière du village wallon de Cabussart, est un brave homme, pas bien malin, un peu porté sur le péquet, fort colérique, braillard et tout farci d'idées humanitaires aussi hardies que confuses.
Sa femme, Charlotte, est une verte luronne. Elle aime bien son homme, mais le lui prouve en le faisant enrager de son mieux. Le couple a deux enfants. L'aîné est marié et père d'un "petit crolè" dont Thanasse est fou. La cadette, Lisa, jolie fille très pétulante, aime un jeune électricien, brave garçon qui le lui rend bien.
Badilon, grand nigaud de fermier qui possède à lui seul la moitié du village, s'éprend en coup de foudre de la belle Lisa. Ebloui, le prolétaire Thanasse prend en grippe le jeune électricien et se jure d'être un jour le beau-père du ridicule, mais riche, Badilon.
Ses deux femmes, liguées, tiennent bon. Excédé, Thanasse divorce à sa façon. Il s'installe dans le fournil de sa maison, en ermite. Charlotte et Lisa en profitent pour lui jouer mille joyeuses farces.
Thanasse a un grand ami. C'est Casimir, le chef valet de la ferme de Badilon. Casimir est français. Le gaillard a eu une enfance malheureuse. Au régiment, un mauvais bougre de sous-off l'a persécuté. Le bouillant Casimir, un soir, a administré une terrible raclée au sous-off. puis s'est enfui en Belgique. Badilon, qui cherchait un domestique, l'a accueilli dans sa ferme.
Désertant, Casimir a brisé sa vie. Il aimait une jeune femme que jamais il n'oubliera. La guerre de 1914 a éclaté. Casimir, amnistié, s'est battu héroïquement pendant quatre ans, en est sorti vivant, couturé de cicatrices et constellé de distinctions. Mais la jeune fille qu'il aimait, talonnée par la misère a fait un mariage résigné avec un maquignon cossu et maladif.
Casimir a donc repris sa place à la ferme où il est d'ailleurs irremplaçable. Il est le grand ami de Thanasse, qui raffole de ses histoires de poilu, goûte sa gouaille, admire son courage et s'émeut de ses malheurs. Et Casimir, a trouvé au foyer de son copain l'affection dont son coeur blessé a tant besoin sans que le pauvre garçon, blagueur et pudique, en dise jamais rien.
Son patron lui avoue son amour pour Lisa. Eberlué, mais compatissant, Casimir tâche de l'enguérir. Peine perdue, Badilon flambe comme un collégien. Le pire, c'est que le poilu vient de découvrir qu'il est bien près d'aimer Lisa. Il se le reproche et lutte avec un courage émouvant.
Le destin arrange les affaires de Badilon. La gouvernante du presbytère, Mam'zelle Palmyre, découvre soudainement les charmes de ce vieux dadais qui, oubliant Lisa, tombe dans les gluaux de Palmyre. Mais Thanasse s'obstine à refuser l'entrée de sa maison au jeune électricien.
La ducasse offre à Thanasse et à Casimir l'occasion d'une ribouldingue historique. Dans une baraque foraine, Casimir reconnaît le sous-off. qui a gâté sa vie. Non content de lui démolir sa baraque, il lui inflige une correction accablante. C'est le procès-verbal et la correctionnelle. Mais Casimir se défend si bien qu'il est acquitté, comme son copain Thanasse.
Badilon qui, pour plaire à sa Palmyre, vient d'acheter une puissante automobile, renverse le petit crolè et le blesse assez gravement. Seule, une transfusion de sang peut sauver l'enfant. Casimir s'offre. Le médecin l'écarte et accepte, par contre, l'offre de l'électricien.
Casimir s'en va. Il se sent plus seul que jamais, abandonné, amer, bien près du désespoir. Il part vers son petit village natal de France où il sait qu'il retrouvera une Vierge devant laquelle il peut prier pour l'enfant blessé.
C'est le double prodige: sortant de l'église, Casimir entre dans une épicerie pour y acheter quelques vivres. L'épicière est une jeune veuve. C'est Benjamine, celle que Casimir, jamais, n'a oubliée. Tous deux, inexprimablement heureux, viennent se pencher sur le lit du petit crolè, sauvé et convalescent.
Et Thanasse quitte son fournil pour reprendre sa place au foyer où grognant pour le principe, il tolère enfin la galante présence de l'électricien.