La population anversoise déserte la ville et les troupes épuisées se concentrent devant la cathédrale. Le sergent Jacques Vleminx est à la tête d'une compagnie. Soudain les obus ennemis viennent frapper le parvis. Jacques, impuissant à maintenir ses hommes, est frappé d'une idée sublime. Bien que blessé, il s'élance dans l'escalier de la tour de la cathédrale, parvient jusqu'aux cloches, et fait éclater le chant national au carillon. L'hymne s'étend sur la ville terrorisée, les troupes galvanisées reprennent leurs emplacements et le peuple entonne le chant national. Ce geste fait de Jacques un héros.

En 1919, la Belgique songe à la glorification de la paix. Un comité se forme à Bruxelles avec la résolution de doter la capitale d'un carillon où chaque pays de l'Europe sera représenté par une cloche. Ce sera le "Carillon de la liberté".

Van Brussel, père d'adoption de Jacques Vleminx, préside le comité et le jeune héros d'Anvers est désigné pour animer la première fois les cloches.

Au cours des dernières années, Jacques a peu à peu espacé sa correspondance avec Nora, puis l'a tout à fait interrompue. Un autre amour s'est emparé de son coeur. Quand Nora parvient à découvrir la retraite de Jacques, c'est au sein d'un ménage charmant qu'elle pénètre. Jacques a épousé Louise Liégeois. Désormais Nora n'obéit qu'à un seul mobile : déchirer à son profit l'union du Flamand et de la Wallonne. Elle obtient que Jacques peigne son portrait en Walkyrie. Or, au cours d'une séance de pose, Louise surprend son époux dans les bras du perfide modèle qu'elle chasse de sa maison.

Cependant Jacques n'a pu échapper à l'emprise de sa passion farouche et une nuit, alors que Louise croit l'apaisement revenu en son foyer, il s'enfuit vers son château. Là, triomphalement, Nora étreint sa proie.

Bruxelles est en liesse. C'est l'heure de donner vie au "Carillon de la liberté". Les musiques parcourent les boulevards, les régiments défilent, des bannières innombrables s'assemblent sur la place. Et Jacques Vleminx a déserté la ville.

Pour échapper à la honte, Louise et Van Brussel décident de taire la félonie de Jacques. Dans le plus grand secret, un vieux carillonneur prendra la place du défaillant.

Mais à l'aube du grand jour, déchiré par le remords, Jacques se résout à s'arracher aux étreintes voluptueuses de Nora. Ivre de rage et de colère, elle ordonne de fermer les issues. Mais Jacques s'élance dans les fossés emplis d'eau. Nora jette ses chiens sauvages à sa poursuite. Le fugitif est cruellement blessé. Cependant, il parvient à gagner sa voiture et roule vers Bruxelles.

Le "Carillon de la liberté" fait entendre ses premiers tintements, les ondes joyeuses s'étendent sur la foule. Soudain le vieux carillonneur paraît aux côtés de Louise. Jacques est devant le clavier, rougi du sang qui s'échappe de ses blessures, il martèle les touches dont les chocs rythmés font naître l'hymne national.

Jacques renverse la tête et sa femme l'étreint. Des larmes bienfaisantes inondent leurs visages. Alors, il semble au peuple de Belgique qui écoute, que son carillon a une âme, et aux Nations de l'Europe conviées, que le chant qui s'élève célèbre l'harmonieuse fraternité des peuples de l'Occident dans la paix triomphante.